samedi 18 janvier 2014

Notre virée en Charlevoix du 4 au 11 janvier 2014


Notre virée en Charlevoix
du 4 au 11 janvier 2014

Après les partys des Fêtes dans les familles, David et moi, on est parti redécouvrir un coin de pays nordique que l’on savoure à chaque fois qu’on s’y retrouve, environ aux cinq ans, avec le goût d’aller prendre du grand air dans les montagnes accidentées au bord de notre beau fleuve Saint-Laurent, majestueux dans cette étreinte rocheuse pittoresque qu’est la région de Charlevoix...peuplée de personnages lutinesques.































Cette fois-ci, début janvier 2014, on a connu « de tous les temps » en peu de temps : pluie, éclairs et tonnerre, verglas, neige mouillante, grésil, neige floconneuse, grand vent, grand froid, gros soleil, puis encore gros nuages, brume épaisse, pluie, verglas, etc.

















En sept jours, on a réussi à faire deux fois de la randonnée à raquettes… sur neige croûtée : une fois sous les nuages bas et gris, une fois en plein soleil sous un ciel bleu glacial. La beauté des lieux fait presque oublier les mains gelées par le laçage des raquettes dans le froid vif, qu’il soit sous les nuages bas ou sous le plein soleil.






 Des paysages majestueux, y en a beaucoup en Charlevoix!
Le long du fleuve, entre Québec et Tadoussac, une série de caps : la Côte-de-Beaupré, Cap-Brûlé, Cap Rouge, Cap-aux-Corbeaux, Les Éboulements,







Cap-aux-Oies, Pointe-au-Pic, Cap-à-l’Aigle,

 


Caps-Saint-Fidèle, Pointe des Rochers, Pointe à Xavier, Pointe aux Quilles, Cap de la Tête au Chien, Cap du Nid au Corbeau, Cap du Basque, Pointe au Bouleau, Pointe aux Alouettes, Pointe Noire, Pointe de l’Islet, Pointe aux Vaches. 
Les montagnes, certaines arrondies par les glaciers, d’autres abruptes comme coupées au couteau avec des arêtes non invitantes. Des canyons serrés entre les falaises de roches, comme à Baie-des-Rochers où nous étions l’après-midi du 7 janvier. 












L’Isle-aux-Coudres, offerte aux grands vents et aux marées, on l’a découverte pour la première fois dans ses habits d’hiver, pendant la traversée à partir de Saint-Joseph-de-la-Rive et sur l’île-même.


Dans le grand froid de janvier, le traversier laisse sa large trace dans les glaces brisées, concassées par l'épaisse plateforme d'acier. L'abondance de glaces dans le courant exige du capitaine beaucoup de manoeuvres pour accoster au quai et permettre d'amarrer le bateau. La vidéo ci-dessous donne l'impression d'y être (cliquer sur le lien).

 Traversée de l'Isle-aux-Coudres




Sur l'île, nous étions à la recherche d’un livre sur les expériences de cabotage du capitaine Éloi Perron, natif de l’île et habitant encore son lieu à l’âge respectable de 91 ans. 
Ce livre, on devait pouvoir le trouver au motel adjacent au musée Les Voitures d’Eau, musée fermé l’hiver, mais appartenant à la famille du capitaine Perron. C’est sa petite-fille , responsable sur place, qui nous a vendu son livre  Les mémoires du Capitaine Éloi, brique de 536 pages.
 Livre-récit que nous dégustons à voix haute, parfois à gorge déployée à cause des images évoquées par le capitaine, chapitre par chapitre, au fil de nos périodes libres, pour le plaisir du langage oral dont est formé ce récit. Beaucoup de répétitions dans les faits vécus et les expressions relevant de la morale, mais c’est un vécu raconté qui a son pesant d’or. C’est une source d’information intarissable. 

Le capitaine y raconte sa vie obligée de marin à bord des goélettes sur le fleuve pour survivre, lui et sa famille, en transportant du bois, des patates, du sucre et de la farine principalement à Québec pour nourrir les gens, à l’époque où les transports terrestres n’étaient pas encore développés, ni les instruments de navigation (radars et GPS). 

La navigation se faisait à la boussole (compas, sur un bateau) et à la sonde (pour s’assurer de la profondeur d’eau) dans ces passages fluviaux difficiles autour de l’Isle-aux-Coudres et dans cette section du fleuve aux courants dangereux entre Montréal et Gaspé, mais plus particulièrement entre Québec et Tadoussac. La rencontre de la rivière Saguenay et du fleuve Saint-Laurent  crée de forts courants qui se croisent en clapotis et donnent bien de la misère aux navigateurs.

 Avec les variations brusques de la température de l’air, la brume de mer s’élevant au-dessus des glaces flottantes crée une atmosphère mystérieuse sur le fleuve.


 


De l’intérieur du chalet juché sur la colline en bordure du fleuve, nous avons une vue magnifique sur le ciel, sur le fleuve et sur la côte de La Malbaie. Nous observons le spectacle vivant du ciel aux couleurs constamment changeantes selon les conditions météorologiques variées de cette première semaine de janvier.




Comme cadeau de la nouvelle année, des aurores boréales surviennent le soir du  jeudi 9 janvier. De grandes effilochures blanchâtres et glaciales venant du Nord, comme glissant dans le firmament, s’étirent en longueur vers le Sud, en mouvement constant, s’amincissant ou s’épaississant au gré des courants d’air. Un spectacle! Après celui des étoiles!

Les cargos et autres gros bateaux descendent ou remontent le fleuve avec leur charge de grains ou de pétrole, en s’arrêtant presque tous à Pointe-au-Pic, sur la pointe de la baie de La Malbaie, 


en attente du courant favorable, montant ou descendant. David suit le traffic maritime à l’aide de son portable; nous savons d’où viennent les bateaux identifiés et quelle est leur destination.
  

Peu d’oiseaux sont observés en cette période de l’année : quelques canards (sarcelles et garrots)  et quelques goélands dans la baie de La Malbaie; un voilier tourbillonnant de goglus à l’Isle-aux-Coudres; des étourneaux, un jour de redoux à Cap-à-l’Aigle où se trouve le chalet qu’on a loué au Domaine Frais Air. 
Vu très peu d’animaux sauvages : 
un renard à la chasse sur une colline  élevée, neigeuse et cristalline dans le soleil brillant, près de la piste Étang Malbaie, à hauteur  du refuge La Galette, dans le parc des Grands Jardins, où nous étions à raquettes; 
un chevreuil s’éloignant en sauts brusques dans une  neige croûtée d’un champ en terrain agricole le long de la route principale, la 138,  près de la jonction pour Saint-Urbain. 

Pas eu la chance, cette année, de voir des caribous, comme on en avait vu la dernière fois : une horde sortant de la forêt et se dirigeant sur la route pavée pour avancer plus aisément…












Des livres empruntés à l’Accueil du Domaine Frais Air nous ont fait découvrir encore d’autres morceaux d’histoire de Charlevoix : en informations géologique, botanique et maritime de cette région particulière formée à la suite de l’écrasement d’une immense météorite il y a 350 millions d’années qui a causé la fracture du sol, l’affaissement créant le fleuve Saint-Laurent et la repoussée du fond-cratère du fleuve créant la chaîne des Appalaches plus au Sud le long de la rive. 














Nous avons apprécié les récits authentiques de gens marquants de l’histoire de la région, comme le capitaine Perron, mais aussi du guide de montagne Thomas Fortin qui présente, dans le livre Les Grands Jardins; haut lieu de Charlevoix, des photos de l’évolution du parc des Grands Jardins et de la manière de vivre de la pêche et de la chasse au début du siècle dernier.
On a admiré aussi des livres de peintres de Charlevoix  immortalisant par leurs tableaux des scènes typiques de la région : maisons à mansardes, ces corniches dans la toiture; paysages de montagnes et de mer selon la palette des saisons; granges en bois non peint; champs de blé et moutons broutant; animaux de ferme en liberté; croix de chemin; bateaux sur le fleuve ou à l’échouage; moulins à farine ou à bois… Plusieurs artistes ouvrent leur atelier au public; la grosse période pour ce genre de découvertes est plutôt l’été et l’automne.


En plus de toutes ces merveilles à dévorer des yeux, nous avons pris plaisir aussi, grâce au magazine La route des saveurs de Charlevoix, à se procurer et à savourer des spécialités de la région : fromages de brebis ou de vache; pains au levain faits de farine cultivée localement, moulue sur pierre localement et cuits chez les boulangers locaux; coupes d’agneau, pâtés et terrines confectionnés à partir de viandes biologiques locales; bières de micro-brasserie; saumon et truite fumés de la Gaspésie; pâtisseries à l’ancienne; confiture de bleuets locaux; miels produits localement; sucre d’érable pur, local.







Bref, des plaisirs multipliés. Non seulement de découvrir les produits locaux fut un plaisir, mais aussi de pouvoir échanger avec les producteurs, fiers de faire connaître le fruit de leur labeur. Et, bien sûr, nous en avons rapporté quelques spécimens pour notre hiver à Montréal.











La lecture du capitaine Perron m’a mis dans la tête une façon de parler, de dire, qui a une certaine mélodie ou poésie. Pis avec les chants du Jour de l’An encore dans l’inconscient, voilà ce que ça donne ben franchement :


Ben ardimment
Mon vieux cheval blanc
On est revenu du pays tout blanc
Avec la glace par devant
On a passé un bon bout’d’temps
À marcher dans’glace pis dans l’vent
C’est pas mêlant
On avait envie de rester d’dans.

Excusez-la!

Flacatoune La Piroche
(Nom que m’a trouvé mon cher David)

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